3 questions à Marie-Agnès Poussier-Winsback

Publiée le 06.11.2024

La nouvelle ministre déléguée chargée de l’économie sociale et solidaire, de l’intéressement et de la participation, Marie-Agnès POUSSIER-WINSBACK, revient avec nous sur sa feuille de route, ainsi que sur les défis à venir pour le secteur de l'ESS.
 

Madame la ministre, quelle est votre feuille de route ?

Ma feuille de route, je souhaite la construire avec les acteurs de l’Économie sociale et solidaire, les entreprises et les partenaires sociaux. C’est une question de méthode qui a toujours été importante pour moi, quand j’étais élue locale, députée, et qui l’est encore plus aujourd’hui que je suis Ministre. Je la présenterai début décembre aux membres du Conseil Supérieur de l’ESS mais je peux d’ores et déjà vous livrer mes premières intuitions inspirées de mes nombreux échanges, de mes déplacements et de mes rencontres. D’abord, l’ESS est fondamentalement territoriale et elle apporte des solutions au plus près des citoyens. Mais pour répondre aux attentes de tous, elle se doit d’évoluer et cela passe peut-être par un questionnement sur les modes de financement et des rapprochements toujours plus forts entre économie conventionnelle et acteurs de l’ESS pour créer toujours plus de synergies. Enfin, l’ESS se projette au niveau international et européen et c’est d’ailleurs notre définition qui est reprise dans ces instances.

Vous avez dans votre portefeuille, l’intéressement et la participation, quelles sont les synergies entre ESS et les politiques de partage de la valeur ?  

Mon ministère est celui du partage de la valeur, du partage des valeurs ! C’est le ministère qui tire ses racines du gaullisme social, le ministère de ceux qui pensent que l’économie doit être au service de la société. Une conviction que je partage avec le Premier ministre, qui y est très attaché. Ce rapprochement entre l’Economie sociale et solidaire, l’intéressement et la participation n’est pas anodin. 
Les structures de l’Economie sociale et solidaire peuvent ainsi devenir une véritable source d’inspiration pour l’économie conventionnelle, notamment en termes de gouvernance. Ce rapprochement poursuit également l’objectif d’engager un cercle vertueux qui permettra par la diffusion des outils de partage de la valeur dans les entreprises, d’augmenter les sources de financement pour les structures de l’ESS, via notamment les fonds solidaires présents dans l’épargne salariale.

Vous mentionnez l’enjeu de mobilisation de l’épargne pour le financement de l’ESS, comment-faire pour renforcer le financement privé de l’ESS ?

Pour accroitre les financements des structures de l’ESS, je souhaite augmenter la collecte d’épargne solidaire d’une part mais également accroitre le fléchage de cette épargne vers les entreprises de l’ESS et en particulier vers les entreprises à forte utilité sociale agréées ESUS. Cela passe notamment par une revue des dispositifs existants afin d’en développer le plein potentiel. C’est ce qui a été fait par exemple en renforçant les exigences de fléchage des fonds solidaires dits « 90/10 » vers les entreprises ESUS et qui entrera en vigueur au 1er janvier 2025. De même, il convient d’identifier les éventuels obstacles à la diffusion massive des fonds solidaires dans les contrats d’assurance-vie permise depuis la loi PACTE et qui semble à ce stade ne pas avoir encore atteint totalement ses promesses.

Je crois beaucoup à la pédagogie et la sensibilisation des entreprises, des réseaux de commercialisation des produits financiers et des épargnants et la mobilisation des acteurs du « dernier kilomètre » C’est cette démarche que nous adoptons avec les ambassadeurs au partage de valeur, qui sont chargés d’accompagner les entreprises, notamment les plus petites, dans la mise en œuvre des mécanismes de partage de la valeur. 
 

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