Financer l’ESS à l’international : où sont les financeurs à impact ?

Publiée le 25.09.2024

À l’occasion du Forum Mondial Convergences qui se tenait à Paris le 17 septembre, FAIR en partenariat avec le GSEF a décidé d’organiser une rencontre pour se faire écho des pratiques existantes d’investissement à impact dans les pays émergents, et plus particulièrement en Afrique. Retour sur cette table ronde !

Une ESS aux mille visages pour répondre aux défis sociaux et environnementaux des pays émergents  

Comme l’a expliqué Emilie Debled, administratrice de FAIR mais également Sabrina Aubert du ministère des Affaires étrangères et de l’Europe, il existe une grande pluralité des pratiques de l’ESS à l’international et notamment en Afrique.

À ce titre, le fonctionnement des tontines, un modèle très répandu de finance solidaire en Afrique, contraste avec celui de la Banque mondiale qui se compte en milliards de dollars. Cet écart montre à quel point les types de financements et les pratiques de l’économie solidaire sont divers.

La présence du ministère des Affaires étrangères et de l’Europe, a par ailleurs mis en évidence l’importance accordée par la France à l’ESS et en quoi celle-ci s’inscrit comme un moteur de la diffusion et de l’harmonisation des pratiques dans un contexte géopolitique sensible.

En ce qui concerne le contexte géopolitique instable dans plusieurs pays d’Afrique, Gaël Marteau, directeur général délégué de Symbiotics France, entreprise spécialisée dans l’investissement à impact dans les pays émergents, les financements en Afrique sont rendus difficile du fait d’un contexte mouvant. C’est justement face à cette instabilité que l’ESS doit être perçue comme une opportunité.

Le financement privé, un levier pour développer l’ESS à l’international

Les valeurs de l’ESS sont des valeurs universelles qui placent l’humain au centre du jeu, et au cœur de la conduite des politiques. De nombreuses limites et freins aux financements demeurent, particulièrement en Afrique, et il est plus qu’urgent de mettre en valeur les investisseurs à impact qui lèvent des ressources financières pour soutenir des projets à fort impact dans les pays émergents. Florian Léon, co-auteur du rapport de la Fondation pour les études et recherches sur le développement international (FERDI) sur l’investissement à impact en Afrique a mentionné que ces investisseurs seraient environ 255 en Afrique avec environ 25 milliards de dollars d’actifs sous gestion.  C’est encore trop peu au regard du déficit de financement des objectifs de développement durable (ODD) en Afrique qui s'élève approximativement à 1 600 milliards de dollars d'ici à 2030.

La confiance doit être accordée à la jeunesse

Dans la salle, des voix se sont levées pour s’étonner d’avoir trop parlé de risque et de ne pas avoir assez prononcé le mot « confiance » qui est pourtant si important lorsque l’on parle d’investissement à impact. Denise Fatouma N’Dour, présidente de l’INAISE, l’association internationale des investisseurs dans l’économie sociale, l’a souligné, les jeunes quittent massivement le continent et trop souvent dans des conditions difficiles. L’avenir de l’Afrique se trouve dans sa jeunesse et il est plus que jamais important de reconnaître l’économie sociale et solidaire comme un levier de transformation.

Les investisseurs internationaux doivent davantage faire confiance aux acteurs locaux et institutions du Sud et travailler en collaboration avec eux.

Denise Fatouma N’Dour Présidente de l’association internationale des investisseurs dans l’économie sociale (INAISE)

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