3 questions à Thierry Sibieude, nouveau Président de FAIR

Publiée le 07.06.2024

Ce mois-ci, c'est à notre nouveau président, Thierry Sibieude, que nous donnons la parole. Son mandat vient de commencer, et nous voulions échanger avec lui sur les défis à venir pour FAIR et la finance solidaire.

Félicitations pour votre élection à la Présidence de FAIR. Pour ceux qui ne vous connaissent pas, pourriez-vous nous en dire un peu plus sur vous ?

Je pourrais dire qu’au-delà de ma vie de père de famille de cinq enfants et six petits-enfants, j’ai eu trois vies : une vie professionnelle, une vie associative et une vie locale et politique.

J’ai été professeur à l’ESSEC de 1996 à 2023 : j’y ai créé la première chaire d’innovation et d’entreprenariat social en 2002, avec Anne Claire Pache, puis le catalyseur d’entreprises sociales ESSEC Antropia en 2008 et enfin le laboratoire d’évaluation et de mesure d’impact social et environnementale, le Labo E&MISE ESSEC en 2019 avec Elise Leclerc.

J’ai réalisé de nombreux moocs qui sont des objets pédagogiques pour rendre accessible au plus grand nombre la connaissance sur nos sujets et j’ai dernièrement publié un ouvrage sur la finance à impact social et la finance solidaire avec Clementine Blazy, « Finance à impact : une finance au service de l’intérêt général et du bien commun ? ».

J’ai d’autre part fondé l’association La Clé pour l’autisme en 1993, et j’en ai assuré la présidence jusqu’à 2011. Ayant un enfant concerné, je m’était rendu compte que rien n’existait pour accompagner les enfants autistes.

J’ai également été Vice-Président du Conseil départemental du Val-d’Oise de 2001 à 2015, chargé de l’environnement (2001 à 2007) puis de l’égalité des chances et des personnes handicapées (2011 à 2015).

 

Quelles sont vos ambitions et vos premiers chantiers ? 

Le conseil d’administration est effectivement largement renouvelé (15 nouveaux membres sur 20) : c’est une bonne chose, car c’est facteur d’énergie nouvelle et d’engagement renforcé.

Je prends le relais de Frédéric Tiberghien à la présidence de l’association qui a fait un remarquable travail ces 10 dernières années.

Les grands chantiers demeurent et ils sont définis dans le nouveau plan stratégique de l’association voté par le Conseil d’administration du 14 décembre 2023. Avec le livre blanc de FAIR pour promouvoir la finance à impact social, ce sont les deux cadres de référence pour déterminer notre action pour les trois ans à venir. 

Ainsi la formation des réseaux des grands distributeurs des produits de la finance solidaire, l’exploitation de la formidable quantité de données que nous collectons chaque année, au service du développement des investissements et des financements à impact social, et enfin l’évaluation de l’impact social pour définir clairement ce que recouvre la finance solidaire, constituent trois priorités majeures. Nous continuerons à travailler évidemment sur bien d’autres dossiers !

 

Quels seront, selon vous, les principaux défis et opportunités auxquelles nous devrons faire face pour les sensibiliser à la finance solidaire et à impact social ?

Il nous faut effectivement mobiliser le plus grand nombre possible d’épargnants : la dynamique actuelle est bonne puisque 2023 est une année de collecte record, et l’on pourra le constater facilement lors de la toute prochaine édition du Baromètre de la finance solidaire, qui sortira le 19 juin prochain.

Disons qu’en valeur absolue, on voit bien que l’on est loin d’atteindre les montants permettant de financer pleinement les ODD et la transition juste et durable. 

Nous devons donc tous redoubler d’efforts pour répondre à la demande croissante des épargnants de produits qui combinent un rendement financier et un véritable impact social et/ou environnemental mesurable et chiffrable. Cela passe par une transparence maximale et le refus de toute pratique de social washing, mais aussi par une meilleure visibilité des produits de finance solidaire dans les différents canaux de distribution. Il s’agir aussi de stabiliser le cadre réglementaire afin que les épargnants puissent investir et placer leur argent en toute sécurité. Enfin, cela passe aussi par des incitations notamment fiscales, ainsi qu’une reconnaissance de l’effort au bénéfice du bien commun. 

 

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