Finance solidaire et entreprises de l'ESS : quelles réponses concrètes au mal-logement en France ?

Publiée le 02.07.2024

Le 25 juin 2024 s'est tenu la deuxième édition des Cafés croissants organisée par FAIR à Paris, dans les locaux de Novaxia. 

L'occasion d'échanger sur un thème important : "Et si l’ESS avait son rôle à jouer ? : quelles solutions sont mises en place pour répondre à la crise du logement ?"

Trois acteurs spécialistes du sujet ont pris part au débat : Christophe Robert, directeur général de la Fondation Abbé Pierre, Bertrand Lapostolet, directeur de la foncière SNL, et Vincent Aurez, directeur de l'innovation, du développement durable et de la communication chez Novaxia.

Un constat alarmant sur le mal-logement en France

Depuis une vingtaine d’années, la crise du logement en France est une réalité, exacerbée par la hausse continue des prix de l’immobilier, la pénurie de logements sociaux et l’augmentation significative des personnes en situation de précarité. Selon Christophe Robert, directeur général de la Fondation Abbé Pierre et intervenant au petit déjeuner le 25 juin dernier, entre les années 2000 et 2010, les prix de l’immobilier ont doublé, faisant du logement le premier poste de dépense pour de nombreux ménages, représentant même parfois jusqu'à 80% de leur budget.

Le constat présenté lors de ce petit déjeuner par les trois acteurs présents montre que la France est encore loin d’être exemplaire : c’est aujourd’hui 4 millions de personnes qui sont mal logées, ce qui inclut à la fois les personnes sans domicile fixe, les résidents d’hôtels sociaux, ainsi que les personnes résidents dans des logements trop exigus ou coûtant excessivement cher. Les politiques mises en place par les gouvernements successifs n’ont pas su trouver de réponses, et la situation est exacerbée par une baisse significative de la construction de logements sociaux, ainsi que des aides au logement (APL).

Face à cette crise, de nombreux acteurs engagés

En effet, certains acteurs clés émergent en apportant à la fois des solutions innovantes et une approche durable pour lutter contre le mal-logement.

La Fondation Abbé Pierre, en tant que bailleur de fonds majeur du secteur associatif, finance chaque année près de 900 actions visant à améliorer les conditions de logement et à sensibiliser le grand public ainsi que les décideurs politiques.

Les foncières solidaires jouent aussi un rôle important. Solifap et la Foncière Solidarités Nouvelles pour le Logement (SNL) illustrent parfaitement cette dynamique. Solifap, par exemple, œuvre pour rendre le logement plus accessible en soutenant financièrement les acteurs engagés dans la lutte contre le mal-logement. Depuis sa création, Solifap a permis le relogement de 4000 personnes et favorisé la mixité sociale et environnementale à travers ses projets.

Comment faire bouger efficacement les lignes ?  

La mobilisation des ressources financières est essentielle pour amplifier l’impact de l’ESS dans le secteur du logement. Novaxia, avec ses initiatives pour redynamiser les espaces urbains, montre la voie en intégrant des critères solidaires dans ses fonds d’investissement. Cette approche permet non seulement de répondre à la crise du logement, mais aussi de générer un impact social mesurable et durable.

Le premier axe à suivre serait de fixer un taux de solidarité de minimum 5% sur certains fonds, mais aussi de traiter frontalement la question de la rentabilité des fonds et des produits solidaires afin de passer enfin à l’échelle. En effet, aujourd’hui, la finance solidaire souffre encore d’idées reçues, comme celle selon laquelle les produits financiers solidaires ne rapportent rien, ce qui est loin d’être vrai : tout dépend du type de produit qui est choisi par l’épargnant.  

L’autre axe principal est celui de la communication à destination des épargnants. C’est précisément ce que FAIR a décidé à travers son nouveau plan stratégique pour les années 2024, 2025 et 2026, à savoir engager les épargnants d’aujourd’hui et de demain en construisant une parole incarnée et transparente.

Des solutions à la portée des acteurs de la finance et de l’ESS

Plusieurs points ont été soulevés par les trois intervenants : 

  • Massifier l’existant et continuer d'expérimenter
  • Remettre de l’intention dans tout cela, et réfléchir au moyen de mettre le sujet du solidaire au centre des engagements et des produits financés
  • Faire prendre conscience aux générations actuelles que leurs investissements et leur épargne peuvent jouer un rôle de premier plan dans la résolution de problématiques sociales et environnementales. À ce titre, les labels comme le Label Finansol servent d’ailleurs de boussoles pour les épargnants individuels et les investisseurs institutionnels.

Un grand merci à la Fondation Abbé Pierre, à la foncière solidaire SNL et à Novaxia d'avoir participé à cet événement et d'avoir animé les débats !

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