Investissement à impact : vers la construction d'un marché avec toutes les parties prenantes
Publiée le 06.04.2021
Il y a 20 ans déjà, la loi Fabius rendait obligatoire la présence d'au moins un fonds commun de placement d'entreprise solidaire (FCPES) dans le cadre du Plan d'épargne retraite collectif (PERCO), popularisant ainsi les fonds solidaires sous la bannière de Finansol. Il y a 10 ans, France Invest lançait sa commission Impact attestant de la vitalité des initiatives dans le Private Equity français. Ayant pris naissance dans l’univers du non coté, l’impact investing convertissait nombre de gérants du coté, qui viennent travailler au sein du Forum pour l’Investissement Responsable (FIR) sur les meilleures pratiques.
Depuis le 18 mars 2021, grâce aux travaux du FIR et la commission Impact de France Invest, avec le soutien de Finansol et du GSG, en présence des pouvoirs publics, les investisseurs français disposent désormais d’une définition claire et exigeante de l’investissement à impact.
Cette définition est aujourd’hui un consensus de place adopté par plus de 60 sociétés de gestion, représentant plus de 200 fonds d’investissement et 35 Mds€. Cette définition, fruit d’une histoire riche de nos 20 ans d’expérience, s’appuie sur 3 piliers (intentionnalité, additionnalité, mesure) et impose 9 caractéristiques clés.
Elle est l’œuvre de praticiens engagés convaincus du besoin de séparer discours marketing et pratique sérieuse pour les praticiens qui souhaitent les rejoindre. Elle est consensuelle, opérationnelle et correspond parfaitement aux souhaits des acteurs financiers mais aussi de la société civile et des épargnants, dont nous connaissons les aspirations à une finance plus solidaire, plus responsable, plus verte, plus durable…
Elle est commune au coté et au non coté grâce à ces caractéristiques clés dont l’intensité varie en fonction des supports financiers. Ainsi, elle reconnaît que le non coté bénéficie d’un horizon de temps plus long et d’une grande proximité avec les entreprises financées. Le monde du coté marquant une forte appétence pour le sujet, 2 des 9 caractéristiques clés prévoient un horizon d’investissement sur le long terme et l’engagement de lier, lorsqu’elle existe, la rémunération variable du gérant à l’impact. Elle demeure prudente et réaliste en laissant ouvert les chantiers de la mesure de l’impact net, mais aussi de l’agrégation des indicateurs extra-financiers au niveau des souscripteurs de fonds à impact.
Nous avons privilégié jusqu’alors les travaux entre praticiens. Il est temps d’ouvrir nos démarches à la société civile ! Ceci constitue là encore un nouveau défi que nous devons relever et c’est ainsi que nous pourrons construire un véritable marché répondant aux attentes de toutes les parties prenantes.
Mais nous invitons dès aujourd’hui l’Autorité des marchés financiers à se référer à cette définition pour qualifier les fonds, autoriser l’utilisation de la dénomination impact quand les fonds reprennent cette définition partagée, et appelons aussi les investisseurs institutionnels, en particulier publics, à s’y référer dans leurs futurs appels d’offres.
Signataires :
- Sir Ronald Cohen, président du Global Steering Group
- Frédéric Tiberghien, président de Finansol
- Marie-Geneviève Loys-Carreiras, membre du Bureau de Finansol
- Alexis Masse, président du Forum pour l’Investissement Responsable (FIR)
- Laurène Chenevat, vice-présidente du FIR
- Bertille Knuckey, vice-présidente du FIR
- Lise Moret, présidente de la commission recherche du FIR
- Mathieu Cornieti, président de la commission Impact de France Invest
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